Coucou, J'habite dans ma valise
Lettre ouverte de Jean Transcène...
Le coucou est un oiseau migrateur, il nous revient vers le 15 avril dans les contrées européennes après avoir passé l’hiver en Afrique ; pour y fonder sa famille et comme tout le monde le sait, la femelle pond ses œufs dans le nid d’oiseaux qui élèvent son petit à sa place.
Certains de nos auteurs, recherchent un dépaysement, une quiétude, pour se vouer à l’écriture, ils changent de domicile pour créer leur nouveau livre.
La Maison des écrivains et de la littérature, leur propose de nombreux endroits allant de la villa Médicis à Rome, au hameau isolé des Hautes-alpes…une infinité de lieux, disparates,
Où l’auteur peut résider pendant un temps déterminé, le centre national du livre leur allouant une bourse par mois, en contrepartie l’auteur doit donner un pourcentage de son temps en conférences, rencontres et autres animations organisées dans ses lieux, ils sont donc des prestataires de service déguisés. La sélection est organisée devant une commission concoctée par le ministre de la Culture française.
Beaucoup de candidats et peu d’élus, ce qui pourrait créer au fur et à mesure une discrimination, que j’aimerais appeler « positive», mais je m’octrois un droit de réserve.
Faut-il absolument séjourner dans la maison d’enfance de Marguerite Yourcenar, le château de Mont-Noir, près de Bailleul (1824) pour décupler son inspiration créatrice ? A chaque résidence son atmosphère. Je laisse aux lecteurs le soin de se faire sa propre opinion. Certains auteurs aiment frissonner de la présence cachée de leur auteur préféré, une intimité privilégiée de quelques instants.
Ils sont assis, ‘j’écris pour exister’
En ce début de XXI siècle, l’heure est à la mondialisation...
Laissons la fenêtre ouverte sur le monde ; la villa Kujoyama, à Kyoto, un changement de culture salutaire.
Pierre Assouline est allé en Israël pour écrire ‘ses vies de job’, Maylis de Kerangal à San francisco pour ‘naissance d’un pont’…
Nos jeunes auteurs beaucoup plus spartiates, partent en vélo, à pieds sac à dos, en métro, en bateau, sans un sou, exil forcé par le manque de travail, organisent leur survie, ne sachant pas où ils vont squatter le soir-même, certains vont très loin en Inde, la chine, la Mongolie, le Costa Rica.
C’est à la force du poignet, qu’ils deviennent les ‘journaliers’ de l’écriture avec un crayon et un bloc de papier dans leur sac nomade, tout en exerçant plusieurs boulots.
‘Gardez l’humour devant l’adversité’ est leur devise.
C’est quand on n’a plus rien à perdre que l’on a tout à gagner, la vraie vie enfin commence ! Les inter-mi-temps de la plume sont des filles et garçons qui ont trouvé un modus vivendi, équilibre instable, devant l’inconstance de la vie contemporaine de l’hémisphère Nord, croyez-moi se sont les nouveaux ‘Philosophes’. C’est dans leur vécu qu’ils puisent les mots d’auteur de vie.
Ils sont debout ! ‘J’existe, j’écris pour partager’.
Il y a aussi tous nos auteurs qui migrent par Internet, tout en restant dans leur nid, pour des raisons familiales, les oisillons étant prioritaires pendant quelques longues années scolaires et leurs bien-êtres, noblesse de cœur oblige, passent avant les intempéries de l’écriture…
Bien qu’assis devant leur ordinateur, eux aussi travaillent sans filet, un auteur n’est pas reconnu comme allocataire social, il est indépendant et ne touche que ses droits d’auteurs.
Dans tous les cas de figure, face book donne l’occasion à de nombreux essayistes de publier sur leur mur, des articles, poèmes et autres morceaux choisis, qui sont lus et relus, par de nouveaux lecteurs du monde entier et de langues différentes, sans passer par l’édition papier et sans domicile fixe, ces auteurs-là se connectent à l’endroit où ils sont de passages sur la planète.
La rencontre interactive de l’auteur et du lecteur, donne l’occasion à ce dernier de se retrouver face à lui-même instantanément. L’inter culturalité du lecteur comme de l’auteur, va démultiplier les réactions dans cosmos en mouvement changeant constant.
C’est là un bouillon de culture planétaire en germination…quelle émulation de plumes !
La concurrence va être rude, car il y a de plus en plus d’auteurs, et les lieux où ils écriront dans le monde, auront s’en doute plus beaucoup d’importance à l’avenir, car si les distances entre les lieux se raccourcissent grâce à Internet, les influences observables sur l’auteur ‘individu’, seront conditionnées par son génotype et le milieu environnant.
Il est à constater que beaucoup d’auteurs sont en recherche existentielle sur les manifestations de l’identité confrontée aux brusques changements culturels, linguistiques et technologiques de notre époque et ces réflexions ont une influence sur leur manière d’écrire et la façon d’aborder les sujets qui leur tiennent à cœur.
L’écriture c’est la vie, il y a tout dedans, le meilleur comme le pire, mais dans le pire, c’est moi le meilleur.
A suivre….
Coucou, j'habite dans ma valise © Jean Transcène.
le 22 mai 2011. pour frenchwriterworwilde.com